L’époque des beylicats (en turc : beylik désigne le territoire sous la juridiction d’un bey), ou des principautés d’Anatolie, fait référence à deux périodes de l'histoire de la Turquie. La première période se situe au XIe siècle lorsque de petits émirats turcs dirigés par un bey s’installent en Anatolie, jusqu’à la domination de la région par le sultanat seldjoukide de Roum. La seconde période débute pendant la deuxième moitié du XIIIe siècle lors du déclin du sultanat de Roum. Les beylicats les plus puissants ne disparaissent qu’à la fin du XVe siècle avec l’avènement de l’Empire ottoman.

Histoire

Première période, après la bataille de Manzikert (26 aout 1071)

Après la victoire des Seldjoukides sur l’Empire byzantin lors de la bataille de Manzikert en 1071, des clans de Turcs Oghouzes pénètrent en Anatolie. Les Seldjoukides établissent un sultanat à Konya, le sultanat de Roum. Il a eu pour capitale Nicée (actuelle İznik, entre 1081 et 1097) puis Iconium (actuelle Konya, entre 1097 et 1302). Il fut établi à la suite d'un accord entre l’Empire byzantin et le chef seldjoukide Süleyman Ier Shah. Les seldjoukides installent des clans dirigés par des beys appelés « uç bey », ceux-ci servent de tampons entre l’Empire seldjoukide et l’Empire byzantin. Ils reçoivent une aide militaire et financière des Seldjoukides contre leur complète allégeance. En 1176, le sultan Kılıç Arslan II défait l'Empire byzantin, qui lui cède encore du terrain, à Myrioképhalon. En 1207, le sultan Kay Khusraw Ier prend Antalya aux Vénitiens.

Deuxième période, après la bataille du Köse Dağ (26 juin 1243)

En 1242, Baïdju, nouvellement nommé commandant des armées mongoles par le grand khan Ögedeï, se met immédiatement en mouvement vers le sultanat seldjoukide de Roum sur lequel règne le sultan Kay Khusraw II et qui semble à son apogée. Baïdju, après avoir pris et pillé Erzurum (1242), assure la domination mongole à la bataille de Köse Dağ en . Après cette bataille, Kay Khusraw II recherche l’aide de son ennemi l’empereur de Nicée Jean Vatatzès avec lequel il signe un traité d’alliance. Baïdju occupe ensuite Sivas qui se rend à temps et est seulement pillée. Les villes de Tokat et de Kayseri qui tentent de résister sont dévastées. Cette campagne étend l’Empire mongol jusqu’aux portes de l’empire de Nicée. Dès les premiers revers, son allié et vassal, l’empereur de Trébizonde, préfère se déclarer vassal des Mongols et leur payer un tribut. Kay Khusraw est alors contraint d’en faire autant. Le roi de Petite-Arménie Héthoum Ier se soumet lui aussi à l’Ilkhanat, assurant ainsi la sécurité des Arméniens vivant hors de Cilicie. Cette politique est poursuivie par ses successeurs ce qui protège la Cilicie aussi bien des Seldjoukides que des Mamelouks. Les beys en profitent pour se déclarer indépendants des Seldjoukides. Néanmoins, le sultanat de Roum survit sous la tutelle mongole jusqu'en 1307.

L’affaiblissement de la puissance byzantine permet aux beys de pénétrer de plus en plus à l’ouest de l’Anatolie. Vers 1300, les Turcs atteignent les rives de la mer Égée. Au début de cette occupation, les états les plus puissants sont les Karamanides et les Germiyanides. Les Ottomans possèdent un petit beylicat peu puissant au nord-ouest de l’Anatolie, aux confins de l’Empire byzantin. Le long de la mer Égée, du nord au s'échelonnent les beylicats de Karesi, des Saruhanides, des Aydınides, des Mentecheïdes et des beys de Tekke. Le long de la mer Noire, se sont installés les Ottomans, les Çobanoğulları à Kastamonu et la dynastie Candar dont le territoire, agrandi par le territoire des Çobanoğulları, s’étend alors jusqu’à la frontière avec l’empire de Trébizonde.

La montée des Ottomans

Les Ottomans commencent par s’étendre aux dépens des Byzantins. Ils continuent en annexant le beylicat voisin de Karesi. Ils parviennent à suffisamment de puissance pour pouvoir affronter leurs principaux concurrents, les Karamanides. Les Ottomans poursuivent leur extension en Anatolie en acquérant des villes soit en les achetant soit par des mariages. Les Karamanides attaquent les Ottomans en faisant alliance avec d’autres beylicats, avec les Mamelouks, avec les Aq Qoyunlu (Moutons blancs turcomans), avec les Byzantins, avec les empereurs de Trébizonde ou avec les Magyars en risquant chaque fois de perdre leur pouvoir. À la fin du siècle les Ottomans ont conquis une bonne partie du territoire des Karamanides et d’autres beylicats moins importants. Ils vont avoir une période de répit grâce à la défaite du sultan ottoman Bayezid Ier contre Tamerlan en 1402 lors de la bataille d'Ankara.

Les Ottomans reprennent le dessus pendant les règnes de Mehmed Ier Çelebi et de son fils Mourad II. Pendant les années de leurs règnes, ils incorporent au domaine ottoman la majorité des beylicats. Ensuite, Mehmed II conquiert l’émirat de Karaman en mai et juin 1451. Selim Ier Yavuz conquiert le territoire des Ramazanides et des Dulkadirides en 1515 lors de sa campagne contre les Mamelouks. Son fils Soliman le Magnifique achève l’unité de l’Anatolie et au-delà en 1534.

Un bon nombre des beylicats ont servi de base aux divisions administratives de l’Empire ottoman.

Les beylicats de la première période

Les beylicats de la seconde période

Régions d’Anatolie restées non turques et non musulmanes jusqu’à l’hégémonie ottomane

Ces régions sont restées majoritairement chrétiennes jusqu’à leur conquête par les Ottomans.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

  • Régions historiques de Turquie
  • Empire seldjoukide (1037-1194)
  • Sultanat de Roum (1077–1307 : İznik (1077-1097), Konya (1097-1174), Sivas (1174-1307)
  • Empire ottoman (1299-1922)
  • Mamelouks du fleuve (Égypte, 1250-1382, Baharites)
  • Mamelouks de la tour (Égypte, 1382-1517, Burjites, circassiens/tcherkesses)
  • Principauté d'Ancyre (Ankara, 1071-1078)
  • Saltukides (Erzurum, 1071-1202)
  • Artukides (Diyarbakır & Mardin, 1082–1408)
  • Danichmendides (Niksar, puis Sivas et Malatya, 1080-1178)
  • Mengüjekides (Erzincan, 1118-1252)
  • Menteşe (Milas, 1260-1424)
  • Émirat karamanide (Konya, 1250-1483)
  • Saruhanides (Manisa, 1275-1410)
  • Pervâneoğulları (Sinop, 1277-1322)
  • Dynastie Candar (Kastamonui/Sinop, 1291/1322-1461)
  • Émirat d'Aydın (Izmir, 1308–1390/1426)
  • Eretnides (Sivas, puis Kayseri, 1328/1336–1381/1398)
  • Invasions mongoles en Anatolie (1241-1243)
  • Pervane (titre)

Liens externes

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anatolian beyliks » (voir la liste des auteurs).
  • (en) « Anatolian Bey Principalities », sur « Öztürkler »

Bibliographie

  • Janine Sourdel et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam, PUF, coll. « Quadrige », , 1056 p. (ISBN 978-2-13-054536-1), « Principautés (époque des) ou Beyliks », p. 677
  • René Grousset, L’empire des steppes, Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris, Payot, 1938, quatrième édition, 1965, (.pdf) 669 (présentation en ligne, lire en ligne)
  • Ibn Battûta, Voyages (3 volumes), De la Mecque aux steppes russes, vol. II, , (format .pdf) 392 (ISBN 978-2-7071-1303-0 et 2-7071-1303-4, présentation en ligne, lire en ligne)
  • (en) Nagendra Kr. Singh, International encyclopaedia of Islamic dynasties : A Continuing Series. Arab, Anmol Publications PVT. LTD., , 8 p. (ISBN 978-81-261-0403-1, présentation en ligne)
  • (en) Clifford Edmund Bosworth, The New Islamic Dynasties : A Chronological and Genealogical Manual, Edinburgh University Press, , 400 p. (ISBN 978-0-7486-2137-8, présentation en ligne)
  • (en) Kate Fleet, European and Islamic Trade in the Early Ottoman State : The Merchants of Genoa and Turkey, Cambridge University Press, , 204 p. (ISBN 978-0-521-64221-7, présentation en ligne)
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